Le socle de la vie : la sécurité émotionnelle de l'enfant

 « Le sentiment de sécurité de l'enfant s'acquiert si on le laisse libre au jour le jour de courir des risques à sa mesure, sans empêcher d'en courir, en veillant à ce que les risques qu'ils courent ne soient pas traumatisants mais le mettent devant un effort dont il sent avoir triomphé quand il y est arrivé, ce dont il faut le complimenter ».
Françoise DOLTO

Le Docteur Anne Raynaud, psychiatre et fondatrice de « la maison de la Parentalité » à Bordeaux explique avec des mots accessibles à tous l’importance de la sécurité émotionnelle chez l’enfant dans son livre « la sécurité émotionnelle de l’enfant ». 

Attachement biologique ?

Une notion essentielle sur laquelle les spécialistes de l’enfance s’accordent actuellement est l’importance du développement de la sécurité émotionnelle. Cette notion s’appuie sur des travaux du milieu du 20ème siècle concernant la théorie de l’attachement qui considère que les premières expériences d’attachement sont essentielles pour le développement de l’individu.

Les progrès réalisés dans les neurosciences viennent confirmer les influences et conséquences biologiques qui entrent en jeu dans les relations humaines. 

Même la publicité s’empare de ces connaissances…

On sait que certains animaux s’attachent dès la naissance au premier objet en mouvement qu’il voit . C’est « l’empreinte », un comportement social appris et non inné.

« Donne- moi des ailes » un film magnifique à voir en famille. Il nous parle de l’empreinte animale et de  bien d’autres relations. 

De la survie aux fondations de l'être

L’attachement désigne le comportement de l’individu qui cherche à se rapprocher d’une personne particulière (sa figure d’attachement) dans les situations de détresse ou potentiellement dangereuses.

Jusqu’à ses 2 -3 ans environ (importance des 1000 jours Dr Cyrulnik ), le bébé est dans un monde « pré verbal », sensoriel. 

Dans cette « niche sensorielle » créée par les figures d’attachements (les parents), le bébé va acquérir des facteurs de protection pour sa vie future…ou des facteurs de vulnérabilité.

Une niche sensorielle riche structure le monde du bébé : les rires, les jeux, les interdits, l’absence de violence, la sécurité, le bain de langage…

Le bébé est comme « sculpté » cérébralement par les émotions maternelles. En effet, bien avant la naissance par exemple, le corps d’une maman stressée de manière répétée, sécrète des substances biologiques que l’on retrouve dans le liquide amiotique que le bébé va déglutir. On sait alors que le bébé naît avec un système limbique (parties cérébrales des apprentissages et de la mémoire) atrophié. Autrement dit, le vécu de la maman influe biologiquement sur son enfant.

Mais nous avons heureusement de grandes capacités de résiliences neuronales et une formidable plasticité cérébrale ! Si maman et bébé sont sécurisés et apaisés, le développement de l’enfant reprend normalement.

Une figure d'attachement essentielle pour le bébé

Le bébé a besoin, pour connaître un bon développement social et émotionnel, de développer une relation d’attachement sécure avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue.

«Ce lien d’attachement sécure est un important facteur de protection pour assurer le développement, la santé mentale et physique de l’enfant à court et long terme »

Cette figure d’attachement peut être un parent biologique ou toute personne qui prend soin de l’enfant de manière adaptée et stable. Cette relation d’attachement sécure se noue avec la figure d’attachement principale, généralement les parents. Puis l’enfant qui grandit repère d’autres figures d’attachement : l’éducatrice de la crèche, l’enseignant, la psychologue, l’orthophoniste…

En anglais un « care giver » (celui qui prend soin), possède plusieurs qualités :

  • Il est capable de donner des soins pratiques au bébé (change, portage, nourriture)
  • disponible physiquement dans la durée
  • disponible psychiquement
  • empathique
  • cohérent

Avant et après la naissance, maman et bébé sont comme «câblés » émotionnellement et même biologiquement. Cela permet à la maman de s’ajuster aux besoins du tout petit. Et bébé, fort de toutes ses compétences, et de manière innée désireux d’interactions, capable d’imitation, construit avec elle son lien d’attachement.

Avant les années 50, les jeunes mamans gardaient le lit pendant neuf jours après l’accouchement. Elles étaient aidées par les “releveuses” qui venaient s’occuper de la maison et du bébé. Ainsi, maman et bébé n’étaient jamais seuls. A l’heure actuelle, une femme sur 3 fait une dépression post-partum. Les dépressions pré partum sont même de plus en plus fréquentes, en lien direct avec l’isolement des mamans.  

Progressivement, l’enfant développe ses capacités à s’éloigner de ses figures d’attachement pour explorer et apprendre. Plus l’enfant aura intériorisé ce lien sécurisé, plus il ira explorer son environnement, nouer d’autres relations, découvrir, apprendre…

Un environnement stable et  sécurisant, riche de stimulations adaptées permettra un développement émotionnel et cognitif normal chez l’enfant.

A contrario, tout accident répété ou durable dans cet environnement influera de manière directe sur le développement de l’enfant.

LD

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